Si j’avais le temps, je ferais ...
Cet expression pour exercer le conditionnel est en même temps un miroir de notre personnalité. Dis moi ton hobby et je te dirai, qui tu es.
Actuellement le numéro un des "activités" de temps libre c’est le séjour devant un appareil de télévision et le zapping entre un grand nombre de programmes: bien sûr multicolore, vachement spectaculaire et plus souvent sans niveau. Tout est virtuel, et - en cas d’une production étrangère - toutes les voix sont synchronisées.
Celui qui s’occupe d’une autre langue doit-il être tapé ? D’abord les résultats sont déprimants: On ne pige que dalle, on constate que sa tête est un panier avec beaucoup de trous, et en parlant on risque d’avoir l’air d’être le dernier des idiots. Ces qualités vont avec chaque langue étrangère au début. La spécialité du français c’est le phénomène qu’après quelques années d’études passionnées on ne comprend toujours rien. En face de ce malaise pourquoi ne jette-t-on pas l’éponge?
Est-ce la fascination d’une situation extraordinaire, comparable à un grimpeur dans un raide mûr de roche? Celui, qui aime le défi, se sent comme un poisson dans l’eau. Par contre celui, qui aime la vie commode, doit éviter de tels troubles comme un chien un jeu de quilles.
Ou est-ce la nostalgie de choses simples? Si je fais des courses sur un marché allemand, je n’essaie jamais de bavarder avec les commerçants sur le temps; en vacances en France c’est bien entendu. Ou si j’entends une chanson populaire en allemand avec beaucoup d’amour et fidèle éternelle, je dis "Bon dieu, quelle démence!" et éteints la radio. La même situation en France et un sourire traverse mon visage et heureux comme un enfant je constate "Loué soit ce jour. Enfin j’ai compris quelque chose!"
Pourquoi c’est ainsi? La difficulté principale de la langue français c’est le condenser des mots. On connaît bien beaucoup de mots, mais pourtant on n’en comprend pas le contexte. Pour illustrer ce malaise voila un exemple, qui est un peu exagéré:
"Les anges dès cents ans sans sang s’en sentent exsangues."
Cette phrase - composée de cinq homonymes - ne donne pas de problème
en forme écrite, mais parlé c’est de l’iroquois.
Quels sont les fruits pour l’apprendre toutes les années ? Un grimpeur atteint le sommet ... espérons, un coureur l’arrivée ... normalement. Et l’étudiant, qu’est ce qu’il obtient ? Un rêve ou quoi?
Le rêve serait une Europe, où on est toujours chez soi. Mais je ne suis que chez moi, si je comprends les gens. Bien sûr, l’état idéal serait un trilinguisme : C’est à dire auprès de la seule langue maternelle et auprès de l’anglais comme la langue du monde, il faudrait savoir la langue et la culture de nos voisins.
Ainsi on aurait plusieurs cordes à son arc, comme l’autre jour en Belgique
Deux indigènes séjournent à un carrefour. Une voiture
s’arrête: "Bonjour messieurs!" dit le conducteur, "Pouvez-vous
m’indiquer la direction de Bruxelles, s’il vous plaît? Pas de réponse.
"Ah, kann niet verstaan! Pardon, mijne heren! Hoe kom ik naar Brussel?" Pas de réponse.
Un dernier essai: " I beg you pardon. Please, can you show me the
way to Brussels?" Silence. Le conducteur abandonne et s’en va.
Une demie heure après l’un dit à son copain: "Chapeau,
l’étranger, n’est-ce pas. Il connaissait beaucoup de langues!"
"Et alors," répond l’autre "est-ce que ça lui a servi à quelque chose?"